Le Mouwaschah

Publié le par Malik

Le Mouwascha
Selon l’avis de plusieurs historiens : le premier qui composa un Mouwaschah c'est Moqadèm Ibn-Mouâfa El-Qabri – le poète en titre de l'Emir Abd-Allah Ben-Mohamed El-MarouaniF[1]F (888-913) -. D'autres citent un certain Moqadèm Ibn Mouâfêr El-Fariri. Sur cette question nous pensons qu'il s'agit peut-être du même personnage et qu'il s'agit tout simplement d'une erreur de transcription de vieux manuscrits.
Öubada El-Qazèz était considéré par les Andalous à l’égale d’ImrouEl-Qaïs au Moyen-Orient, les chroniqueurs disent : « C’est lui qui a donné ses lettres de noblesse à l’art duTawschih ». Ibn ZuhrF[2]F ne tarissait pas d’éloge sur lui en disant que : « tout les poètes sont des novices devant Ôbada El Qazaz». Avis qui a été rapporté par l’illustre savant Abd Allah Ibn Es-Sayed El-Batalouissi (de Badajoz) qu’il l’avait entendu de la bouche même d’Ibn-Zuhr : quand ce dernier est tombé par hasard sur des strophes dans lesquelles le poète Ôbada pour décrire les charmes de sa bien-aimée s’exprimait ainsi :  

 

بـــــدر تـــــم     شـمـــــس ضـــــحى     غـصـــــن نقـــــا     مســـــك شـــــم

مـــــا أتـــــم     مـــــا أوضحـــــا     مـــــا أورق     مـــــا أنـــــم

لا جـــــرم     من لمحـــــا     قـد عشقـــــا     قد حـــــرم

Pleine lune, Soleil du matin, Rameau qui pousse, Musc d’Orient (de Damas) :

Comme elle est parfaite ! Comme elle brille ! Comme elle est florissante ! Comme elle répand des parfums !

Assurément celui qui (la) regarde en deviendra amoureux et ne l’obtiendra pas

 

Le terme mowachah viendrait du « wichah » : «C’est une cordelière d’ornement portée par les femmes et consistant en une ceinture décorée de deux rangées de perles et de pierres précieuses, enfilées ou réunies dans un ordre régulier, les deux séries étant disposées en sens opposé, l’une d’elle retournée par rapport à l’autre. Cette ceinture s’attachait, par le milieu, entre les épaules, passait sur les hanches et se bouclait sur le devant du corps, juste au-dessous du nombril. Les mowascheh sont des poèmes strophiques composés de plusieurs stances. La strophe, dans sa forme la plus ordinaire, renferme cinq vers, dont les quatre premiers rimaient ensemble, et dont le cinquième rimait avec tous les cinquièmes vers des strophes suivantes. On trouve, cependant, beaucoup de mowascheh dont les strophes se composent de quatre, cinq ou un plus grand nombre de vers, à rimes croisées. Pour celui qui veut étudier plus profondément les règles du Mouwaschah nous lui recommandant le livre remarquable d’Hibèt Allah Ibn-Sanaâ El-Moulk (1150 – 1212), - qu’on peut considérer comme un trésor d'éclaircissements sur cet art et qui a pour titre 'Dar Ettiraz Fi Âmel El-Mouwascahat'. 
Le mouwachah est constitué en un nombre bien déterminé de parties qui riment entre elles appelés « Aqfêl » (singulier : Qufle = fermoir), et d’autres parties intercalées, dénommées « Abyêt » (singulier : Beyt = maison), sans rimes communes. Les « Aqfêl » peuvent êtres formés d’un ou de : jusqu’à quatre « Aghçane» (singulier : Ghosne = rameaux) hémistiches séparés par trois césures, les « Abyêts » peuvent êtres constitués de deux  jusqu’à quatre « Asmate » (singulier : Simte = vers.
Le mouwachah est écrit en arabe classique, et il est constitué d’un nombre indéterminé de  Aqfal dont le premier Qufle est dénommé Mèdhèb ; ceux qui suivent sont appelés des  Marakiz (les piliers) (singulier : Markiz) ; et le dernier « Qufle » est surnommé « Kharja » = sortie), qui est, soit en arabe dialectal, soit dans une autre langue exemple (le Berbère ou l’Ibère). Ibn Sana’ al-Mulk dit que la « Kharja » doit être, d’allure légère et « brûlante comme le naphte » ; elle est « l’arôme du mouwachah, son sucre et son miel ».
Quand un mowascheh est constitué d’une Qufle Mèdhèb (c’est-à-dire une Qufle au départ) il est appelé « Têm » = complet, parfait. Lorsqu’il lui manque le 1er Qufle, on l’appelle « Aqra’â » = chauve.

Pour avoir une idée plus précise sur la structure d’un « Mowaschah Têm »

Nous vous présentons cet exemple ci-dessous entre-autre.

 

                            1er Ghuçne      2e Ghuçne      3e Ghuçne

1er Qufle (Mèdhèb) ---------------A ---------------A ---------------A 

1er Simt ---------------------------------- B

                                                        1er Beyt     2e Simt ------------------------------------ B

3e Simt ---------------------------------- B

2e Qufle (Markiz)     ---------------A ---------------A ---------------A

1er Simt ---------------------------------- B

                                                        2e Beyt      2e Simt ------------------------------------- B

3e Simt ---------------------------------- B

 3e Qufle (Markiz)    ---------------A ---------------A ---------------A

1er Simt ---------------------------------- B

                                                         3e Beyt     2e Simt ------------------------------------- B

3e Simt ---------------------------------- B

   4e Qufle (Markiz)    ---------------A ---------------A ---------------A

1er Simt ---------------------------------- B

                                                         4eBeyt     2e Simt ------------------------------------- B

3e Simt ---------------------------------- B

    5e Qufle (Kharja)    ---------------A ---------------A ---------------A

 

Source: la Moqqadima d’Ibn-Khaldoun et 'Dar Ettiraz Fi Âmel El-Mouwascahat' D’ Ibn Sana’ al-Mulk

 



[1] Abd Allah Ben-Mohamed El-Merouani, septième souverain omeyade qui régna en Espagne du temps de l’âge d’or de la civilisation musulmane, il monta sur le trône en l’an 275 de l’hégire ; il est le petit-fils d'Abderrahmane II.

[2] Il est l’auteur du fameux Mouwaschah : Ayouha Saqi Ilaïyka El-Mouchtaka.

 

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K
bravo!
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